Paris CollĂšge de France â Jeudi 29 mars 2018 Seul le prononcĂ© fait foi Madame la Ministre fĂ©dĂ©rale de lâEducation et de la Recherche dâAllemagne, Monsieur le Commissaire europĂ©en, cher Carlos, Mesdames et Messieurs les Ministres, Monsieur le DĂ©putĂ© VILLANI, Mesdames et Messieurs les Parlementaires, Monsieur le Recteur de Paris, Monsieur lâadministrateur du CollĂšge de France, Mesdames et Messieurs, Chers Amis, Dâabord, je veux fĂ©liciter les organisateurs, je pense que venir parler dâintelligence et en particulier dâintelligence artificielle au CollĂšge de France nâest pas une mauvaise idĂ©e en soi et elle nous ramĂšne Ă une histoire glorieuse de notre pays, Ă des choix profonds qui ont dâailleurs Ă©tĂ© de rassembler dans un traumatisme sur lequel il ne convient pas de revenir aujourdâhui quant Ă la relation entre la France et son universitĂ© plus largement mais de rassembler les plus grands esprits dans un lieu et de chercher Ă Ă©clairer plus largement. Ensuite, jâai compris, Monsieur lâAdministrateur gĂ©nĂ©ral, votre message, il convient que je reprenne Ă la lettre les prĂ©conisations du lointain successeur de Claude BERNARD pour mâassurer que la stratĂ©gie sera ainsi grandement poursuivie, je nâen suis pas loin. Je veux en effet avant toute chose remercier les chercheurs Ă©minents qui ont acceptĂ© de venir pour certains dĂšs hier et tout au long de cette journĂ©e pour rĂ©flĂ©chir, universitaires, chercheurs, entrepreneurs, start-upers, au-delĂ de toutes les barriĂšres sectorielles, de tous les clivages qui parfois existent, de toutes les diffĂ©rences de conditions pour partager la rĂ©flexion collective et de maniĂšre complĂštement coopĂ©rative aider Ă construire cette stratĂ©gie. Lâintelligence artificielle, je dois le dire, dit celui qui nâa quâune formation philosophique et qui est donc toujours trĂšs admiratif devant les mathĂ©maticiens, les probabilistes et tous les grands scientifiques quâil a devant lui, nous renvoie Ă ce qui serait lâhypothĂšse leibnizienne selon laquelle il y a plusieurs mondes possibles. Il y a chez LEIBNIZ cette hypothĂšse que Dieu calcule pour nous le meilleur monde possible » et il y a donc quelque chose dâune option presque promĂ©thĂ©enne qui nous permet de revisiter la conception du monde de LEIBNIZ Ă travers lâintelligence artificielle qui nous donnerait la capacitĂ© de rĂ©aliser nous-mĂȘmes ce calcul et Ă travers en effet des machines apprenantes de pouvoir parcourir beaucoup plus rapidement les chemins du malheur pour choisir le bon chemin beaucoup plus tĂŽt et beaucoup plus rapidement. Câest promĂ©thĂ©en dans ce que cela comporte dâambivalence, câest une chance inouĂŻe dâaccĂ©lĂ©rer le calcul rĂ©servĂ© Ă Dieu chez LEIBNIZ, câest une responsabilitĂ© Ă©norme dâavoir dans notre main cette possibilitĂ© de le faire. Au fond, câest un peu de tout cela dont nous devons parler aujourdâhui et je crois un peu de cela dont vous avez largement parlĂ©. Nul nâa envie de se priver de cette facultĂ© mais chacun la considĂšre au moment oĂč elle lui est offerte avec un effroi lĂ©gitime et je dirai quiconque ne ressentirait pas une forme de peur ou ne redouterait pas cette possibilitĂ© pourrait lĂ©gitiment ĂȘtre jugĂ© inconscient. Lâintelligence artificielle trouve son origine dĂšs le milieu du XXĂšme siĂšcle et lâexplosion des puissances de calcul, la multiplication des volumes de donnĂ©es, lâessor rapide de nouveaux algorithmes ont fait entrer lâintelligence artificielle dans une nouvelle Ăšre qui est la fois une rĂ©volution technologique mais aussi Ă©conomique, sociale et bien Ă©videmment Ă©thique et donc une rĂ©volution politique au sens premier plus plein du terme si jâose dire. Cette rĂ©volution ne se produira pas dans 50 ou 60 ans, elle est en train de se produire, des nouvelles opportunitĂ©s nous sont offertes, des choix sont dĂ©jĂ devant nous de poursuivre ou non certains chemins dâinnovation, de les encadrer, dâouvrir ou non certaines possibilitĂ©s qui nous sont offertes. Donc, nous sommes dĂ©jĂ dans cette nouvelle grammaire que je viens dâĂ©voquer oĂč nous devons articuler la radicalitĂ© de choix et dâinnovation profonde technologique, sociale, Ă©conomique et la responsabilitĂ© de choix Ă©thique. Câest pourquoi je veux remercier tout particuliĂšrement CĂ©dric VILLANI dâavoir rendu Ă ce sujet un rapport extrĂȘmement Ă©clairant Ă travers les 300 auditions quâil a un instant rappelĂ©es, les rĂ©flexions prĂ©alables de France IA que je remercie, de lâOffice parlementaire dâĂ©valuation des choix scientifiques et technologiques, de la CNIL, et par ce travail Ă la fois de synthĂšse, dâauditions et dâinvention parce que la rĂ©flexion en suppose, il a donnĂ© de lâintelligence artificielle une vision prĂ©cise, dĂ©barrassĂ©e de prĂ©jugĂ©s anxiogĂšnes mais responsable. Dans le dialogue quâil a su mener dĂšs le dĂ©but avec les ministres, que je remercie non seulement pour leur prĂ©sence mais leur action dĂšs le dĂ©but de ce travail, il a permis de faire Ă©merger ces quelques lignes de force que je veux exposer devant vous aujourdâhui. Il ne sâagit pas dâavoir une stratĂ©gie pensĂ©e dâen haut si je puis dire, venant dâen haut qui viendrait sâabattre sur ce quâest lâintelligence artificielle. Dâabord ce serait vain de vouloir le faire dans un seul pays et ensuite ce serait contraire Ă la dynamique mĂȘme de ce quâest lâintelligence artificielle dont lâune des forces est justement dâavoir donnĂ© le pouvoir aux multiples face Ă lâun. Il nous faut donc penser la capacitĂ© Ă en dĂ©finir les rĂšgles et la stratĂ©gie qui suppose un moment de synthĂšse et de dĂ©cision dĂ©mocratique dans ce mouvement perpĂ©tuellement pensĂ© par la multiplicitĂ© des acteurs et cette arborescence permanente qui passe par lâinnovation de ce multiple. Autrement dit nous devons tenir dâune seule main - en mĂȘme temps, diraient certains - le progrĂšs technique et le progrĂšs humain, la transformation Ă©conomique et la transformation sociale et rĂ©ussir Ă faire Ă que cette utopie promĂ©thĂ©enne ne devienne pas une dystopie. Pour cela il nous faut dâabord ne pas cĂ©der Ă ce qui a parfois Ă©tĂ© un tropisme europĂ©en et je dirai presque souvent un tropisme français qui est que la conscience parfaite et aigue de tous les effets non souhaitables dâune innovation puissent nous conduire la Ă refuser de prime abord. Nous avons parfois ce dĂ©faut, nous lâavons eu dans notre vie industrielle ou dâinnovation rĂ©cente, il ne faut pas y cĂ©der. Et donc je crois que la premiĂšre chose sur laquelle nous devons nous mettre dâaccord cest quâil ne faut pas avoir peur et refuser le changement. Dâabord, parce quâil est Ă lâĆuvre partout et parce quâil peut conduire aussi au meilleur et Ă des innovations qui nous permettront de vivre mieux. Ensuite, il ne faut pour autant, câest je crois le deuxiĂšme principe que nous devons nous fixer, ĂȘtre naĂŻfs et considĂ©rer que le changement, lâinnovation technologique â qui est ce mouvement quâon nâarrive pas toujours Ă parfaitement synthĂ©tiser sur le plan conceptuel - portera en lui-mĂȘme les conditions de sa propre rĂ©gulation et donc sa bonne articulation avec le bien commun. Ca nâest pas vrai et nous vivons dâailleurs dans un monde qui est plein des excĂšs liĂ©s aux externalitĂ©s nĂ©gatives des changements contemporains et Ă lâincapacitĂ© que les acteurs multiples nâont eu de penser leur propre rĂ©gulation, de penser si je puis dire le propre inhibiteur Ă leur action parfois qui permet dâarticuler les actions individuelles avec le bien commun. En la matiĂšr,e je ne crois pas totalement Ă la parfaite composition des intĂ©rĂȘts individuels et Ă la main invisible. Et donc il ne faut ni avoir peur ni ĂȘtre naĂŻf mais dĂ©finir ce chemin de crĂȘte qui nous permettra d'avoir une stratĂ©gie pour l'intelligence artificielle. Cette stratĂ©gie Ă mes yeux passe par quatre Ă©lĂ©ments principaux qui procĂšdent largement du travail prĂ©sentĂ© par CĂ©dric VILLANI et de ce quâensemble vous avez conçu. Le premier, câest de nous mettre en situation de construire ou je dirai plutĂŽt de conforter en France et en Europe l'Ă©cosystĂšme de l'intelligence artificielle et, en particulier en ce qui concerne les talents, un vĂ©ritable rĂ©seau de recherche et l'expĂ©rimentation. Le deuxiĂšme axe, c'est justement d'engager une politique rĂ©solue d'ouverture des donnĂ©es afin de favoriser l'Ă©mergence en France de champions de lâintelligence artificielle ou dâencourager leur dĂ©veloppement. Le troisiĂšme axe câest dâavoir une stratĂ©gie Ă la fois de financement, de projets -une stratĂ©gie publique française et europĂ©enne qui nous permette dans certains secteurs de dĂ©velopper et d'accĂ©lĂ©rer notre prĂ©sence et de rĂ©ussir pleinement dans la compĂ©tition internationale. De la santĂ© Ă la mobilitĂ©, j'y reviendrai dans quelques instants. Et, enfin, c'est de penser les termes d'un dĂ©bat politique et Ă©thique que l'intelligence artificielle alimente partout dans le monde mais dont nous devons poser les termes car il nous faut articuler une rĂ©flexion, des rĂšgles et une comprĂ©hension commune. Le premier pilier de cette stratĂ©gie, donc, c'est cet Ă©cosystĂšme d'innovation dont nous avons absolument besoin. Plusieurs grandes disruptions technologiques ont ces derniĂšres annĂ©es en effet façonnĂ© le monde dans lequel nous vivons aujourd'hui, en particulier la disruption numĂ©rique. Parfois la France a tardĂ© et, en la matiĂšre - et je dirai encore plus particuliĂšrement pour l'intelligence artificielle, le retard dans la construction ou le parachĂšvement d'un Ă©cosystĂšme adaptĂ©, c'est la certitude de manquer des opportunitĂ©s et c'est prendre le risque de dĂ©jĂ perdre une bataille. Donc la capacitĂ© Ă amĂ©liorer cet Ă©cosystĂšme, ce sont des opportunitĂ©s supplĂ©mentaires et ce sont plus de chances pour notre Ă©cosystĂšme de formation, de recherche et notre Ă©cosystĂšme Ă©conomique de rĂ©ussir. Nous avons des atouts pour rĂ©ussir dans l'intelligence artificielle. Je sais ĂȘtre critique sur notre pays quand il le faut et considĂ©rer en face nos propres handicaps, mais en la matiĂšre nous avons des atouts parce que nous avons d'ores et dĂ©jĂ des talents, nous avons une excellence de la formation, en sciences de l'informatique, en mathĂ©matiques - notre rapporteur du jour ne dira pas le contraire - et nous avons des talents qui ont essaimĂ© et qui ont les uns et les autres plusieurs sont dans cette salle, en Europe comme au-delĂ de l'Europe, construit l'excellence en la matiĂšre. Ce sont des chercheurs, des entrepreneurs français qui ont aidĂ© au pilotage automatique de nos avions, aux rĂ©alisations les plus parachevĂ©es des images synthĂ©tiques que nous pouvons voir ou aux thĂ©ories les plus avancĂ©es qui ont permis la technologie des effets spĂ©ciaux. Ces talents nous les avons, cet Ă©cosystĂšme est lĂ . Il a dâailleurs convaincu certains qui le connaissaient bien de revenir ou d'investir en France ces derniĂšres annĂ©es, je pense en particulier Ă FACEBOOK, GOOGLE, SAMSUNG, DEEPMIND, je remercie pour leur confiance parce qu'ils ont permis de fertiliser cet Ă©cosystĂšme. C'est Ă cette excellence que nous devons les annonces d'implantations de ce jour, les centres de recherche de SAMSUNG, FUJITSU, IBM, DEEPMIND venant rejoindre ceux de GOOGLE ou FACEBOOK vont contribuer Ă crĂ©er en France un maillage de compĂ©tences, de laboratoires, d'expĂ©rimentations au meilleur niveau mondial, ce qui est un atout formidable. Cet atout, câest l'intelligence française dans ces secteurs qui en est le responsable et c'est la capacitĂ© des dirigeants de laboratoires, d'Ă©coles, dâuniversitĂ©, d'organismes qui a permis durant ces derniĂšres gĂ©nĂ©rations de le consolider et de ça je vous remercie profondĂ©ment. Maintenant, jâentendais les inquiĂ©tudes exprimĂ©es par certains qui sont dans cette salle avec qui j'ai discutĂ© informellement hier qui est de dire on arrive mĂȘme presque Ă un point oĂč notre capacitĂ© Ă former et garder dans cet Ă©cosystĂšme public français les talents est Ă risque et donc nous devons entendre ce message et prendre nos responsabilitĂ©s pour que cet Ă©cosystĂšme puisse continuer Ă se dĂ©velopper et accĂ©lĂ©rer sa croissance sans ĂȘtre fragilisĂ©, câest pourquoi il nous faut prendre quelques dĂ©cisions. La premiĂšre, câest que nous allons mettre en place un programme national pour l'intelligence artificielle. Il sera coordonnĂ© par INRIA en lien avec les autres organismes de recherche partenaires et les universitĂ©s liĂ©es et il impliquera l'ensemble de la communautĂ© scientifique française. Nous mettrons en place en particulier un rĂ©seau emblĂ©matique de quatre ou cinq instituts dĂ©diĂ©s ancrĂ©s dans des pĂŽles universitaires Ă©maillant le territoire français. Ces pĂŽles existent pour certains d'ores et dĂ©jĂ , nous ne partons pas de rien. Initiative PRAIRIE » Ă Paris, Ă Saclay avec l'institut DATA IA et le projet DIGIHALL, et nous allons en dĂ©velopper en partenariat pour avoir justement ce rĂ©seau, cette communautĂ© trĂšs ouverte mais qui aura une interaction permanente et qui permettra d'amplifier, de consolider rapidement d'autres nĆuds du futur rĂ©seau Ă Toulouse, Ă Grenoble et dans dautres sites. Ce rĂ©seau connectĂ© Ă l'Ă©cosystĂšme français de recherche universitaire sera le vaisseau amiral de la recherche publique française en matiĂšre d'intelligence artificielle et un Ă©lĂ©ment essentiel dans la formation de nouveaux talents. Il aura vocation Ă accueillir des financements privĂ©s - je sais combien la ministre veille justement Ă ce bon partenariat et Ă ces Ă©quilibres - et je veux ici saluer les partenaires industriels qui ont d'ores et dĂ©jĂ souhaitĂ© s'y associer. Ce qui permettra de crĂ©er au-delĂ de ce qui existe aujourd'hui des chaires d'excellence qui nous permettront aussi de faire venir pour un temps de leur carriĂšre ou de maniĂšre plus stable les meilleurs chercheurs ou chercheurs-entrepreneurs du monde en la matiĂšre pour qu'ils viennent s'installer un temps en France. Je souhaite en particulier que ces projets soient tournĂ©s vers nos partenaires europĂ©ens et en premier lieu vers l'Allemagne, c'est pourquoi une part des financements sera dĂšs l'origine flĂ©chĂ©e vers des projets franco-allemands. Nous devons Ă©galement faire un effort tout particulier sur la formation. Il nous revient en effet de veiller Ă ce que l'universitĂ© française fournisse Ă ce domaine de recherche les compĂ©tences nĂ©cessaires Ă la croissance de l'Ă©cosystĂšme. Le premier enjeu de l'intelligence artificielle Ă l'Ă©chelle mondiale ce sera celui des talents, c'est dĂ©jĂ celui des talents. Nous avons une attractivitĂ© par notre excellence parce que nous sommes moins chers que beaucoup d'autres mais le risque est qu'il y ait un assĂšchement rapide de ce vivier que plusieurs d'entre vous ont pointĂ©. Si notre systĂšme d'enseignement supĂ©rieur ne sait pas former et attirer assez de techniciens, d'ingĂ©nieurs, de docteurs pour alimenter le dĂ©veloppement des laboratoires et des entreprises en France, pour garder aussi ses talents dans la formation des nouvelles gĂ©nĂ©rations , nous ne parviendrons pas Ă consolider cette conquĂȘte d'un horizon nouveau. Câest pourquoi nous doublerons le nombre d'Ă©tudiants formĂ©s Ă l'intelligence artificielle, depuis la licence jusqu'au doctorat en passant par les formations professionnelles courtes, et prĂ©voirons les financements qui correspondent Ă ce doublement. La France, pour tenir son rang, devra Ă©galement rayonner au plan international. Je viens de l'Ă©voquer, c'est la nĂ©cessitĂ© d'avoir des chaires individuelles pour attirer les meilleurs chercheurs. Ce sera, aussi, la mise en place d'une sĂ©rie d'appels Ă projets sur le mode de ce que nous avons fait avec Make our planet great again » autour de cette initiative consolidĂ©e par le CNRS qui a permis Ă travers des appels Ă projets de sĂ©lectionner les meilleurs projets mondiaux et de financer de maniĂšre diffĂ©rentielle les meilleures recherches en la matiĂšre et donc attirer les meilleurs enseignants, enseignants-chercheurs pour une part de leur carriĂšre ou pour une annĂ©e, dâattirer les meilleurs projets de recherche Ă travers ces sĂ©lections pour faire justement de la France un lieu d'attractivitĂ© et de compĂ©titivitĂ© internationale en la matiĂšre. Lâexcellence de notre recherche sera le terreau de nos champions industriels futurs. Pour cela, nous devons augmenter drastiquement la porositĂ© entre la recherche publique, indispensable, et le monde industriel - peut-ĂȘtre encore plus dans le domaine de l'intelligence artificielle que dans d'autres, ce que nous avons connu durant les gĂ©nĂ©rations prĂ©cĂ©dentes d'innovations. Et, câest pourquoi, nous porterons dans la loi PACTE Ă venir et que portera le ministre de l'Economie et des Finances une rĂ©forme, travaillĂ©e de prĂšs avec la ministre de la Recherche, qui supprimera le passage obligatoire auprĂšs de la commission de dĂ©ontologie ou qui autorisera un chercheur public Ă consacrer jusqu'Ă la moitiĂ© de son temps Ă une entitĂ© privĂ©e, alors qu'aujourd'hui c'est plafonnĂ© Ă 20 %. Ce qui a conduit, et j'en ai eu la dĂ©monstration ces derniers jours dans les discussions que j'ai pu avoir avec les uns et les autres, beaucoup trop de chercheurs Ă aller rejoindre des universitĂ©s anglo-saxonnes qui leur permettaient cette souplesse - en mâexpliquant que c'Ă©tait prĂ©cisĂ©ment pour cette souplesse qu'ils faisaient un tel choix. Câest dans cette fertilisation croisĂ©e que nous construirons un vĂ©ritable Ă©cosystĂšme de recherche et c'est parce que nous arriverons Ă construire ce va-et-vient, parce que nous crĂ©erons aussi un Ă©cosystĂšme oĂč les entrepreneurs se considĂšreront comme toujours liĂ©s Ă l'universitĂ© et Ă l'organisme de recherche - parce qu'ils sont un peu les dĂ©biteurs moraux si je puis dire ou parce quâon leur permet cette souplesse - que nous serons sĂ»rs que nos organismes de recherche, que notre formation garde cette excellence et cette capacitĂ© d'attraction. Je souhaite Ă©galement, et c'est absolument clĂ© pour que cet Ă©cosystĂšme de l'intelligence artificielle soit pleinement adaptĂ© Ă nos dĂ©fis contemporains, qu'on donne plus de place Ă l'expĂ©rimentation. Vous l'avez rappelĂ©, Monsieur le DĂ©putĂ©, et je le dis ici trĂšs clairement, nous avons besoin aujourd'hui d'amĂ©liorer notre rapiditĂ© dans les dĂ©lais, les autorisations en matiĂšre d'expĂ©rimentation si nous voulons dĂ©velopper jusqu'au bout nos propres innovations ou les favoriser. Le temps aujourdâhui nĂ©cessaire pour tester une innovation en France, quâil sâagisse dâun algorithme et de ses effets finaux sur tel ou tel dĂ©bouchĂ©, ou dâun mĂ©dicament, il nâest pas toujours et tout Ă fait celui dâune Ă©conomie dâinnovation. Je sais combien la ministre des SolidaritĂ©s et de la SantĂ© est Ă©galement attachĂ©e Ă ce sujet. Je souhaite donc que nous puissions, Ă court terme, relancer dâici lâĂ©tĂ© un appel Ă expĂ©rimentation, afin dâintroduire par amendements dans la loi Pacte des modifications lĂ©gislatives autorisant les expĂ©rimentations les plus significatives. Je souhaite donc que, dans chaque secteur liĂ© Ă lâintelligence artificielle, si des Ă©volutions, des amĂ©liorations des dispositifs dâexpĂ©rimentation sont souhaitĂ©es et relĂšvent de dispositions lĂ©gislatives, nous puissions les examiner pour les modifier Ă lâĂ©tĂ©, comme nous allons le faire sur certains secteurs sur lesquels je reviendrai dans quelques instants. Au-delĂ , nous rĂ©formerons fondamentalement le programme France ExpĂ©rimentation â Monsieur le SecrĂ©taire dâEtat au NumĂ©rique â qui doit devenir Ă la fois permanent et ancrĂ© dans les missions de chaque ministĂšre. Cette capacitĂ© justement Ă diffuser lâexpĂ©rimentation, lâinnovation au cĆur mĂȘme de lâaction de lâEtat est un Ă©lĂ©ment essentiel pour rĂ©ussir ce pari de lâintelligence artificielle, qui est dâabord et avant tout, un pari sur lâintelligence humaine, la capacitĂ© Ă former, Ă faire de la Recherche, Ă aller plus vite fans celle-ci, Ă pouvoir expĂ©rimenter beaucoup plus rapidement. Câest en crĂ©ant cette matrice puissante que nous serons en mesure dâentrer dans la compĂ©tition mondiale oĂč les Anglo-Saxons et les Chinois ont dĂ©jĂ investi massivement. Cette avance nâest en rien une fatalitĂ© si nous arrivons Ă dĂ©velopper cet Ă©cosystĂšme en France comme en Europe, et câest ce mĂȘme combat de transformation de cet Ă©cosystĂšme que je souhaite mener dans le cadre du prochain budget, comme dans le cadre des discussions en cours au niveau europĂ©en. Le deuxiĂšme chantier qui doit ĂȘtre le nĂŽtre, câest celui des donnĂ©es. Vous en avez rappelĂ© toute lâimportance Ă lâinstant, le commissaire aussi, et câest un atout de la France. Nous avons des bases de donnĂ©es centralisĂ©es massives, qui nous offrent lâopportunitĂ© de nous positionner Ă la pointe de lâintelligence artificielle dans certains secteurs. Beaucoup reprochent parfois Ă la France dâĂȘtre un Etat jacobin, cela a des avantages, câest que câest organisĂ©, câest structurĂ© et, dans ces moments-lĂ , cela peut ĂȘtre une chance. Il faut donc savoir lâutiliser. Pour permettre que soient exploitĂ©es au mieux les donnĂ©es, nous allons mĂ©thodiquement mais rĂ©solument procĂ©der Ă une ouverture proactive de nos donnĂ©es. Cela passe dâabord et avant tout par lâouverture des donnĂ©es publiques. Nous continuerons de renforcer et dâĂ©largir le service public de la donnĂ©e, c'est-Ă -dire la liste des bases publiques ouvertes et maintenues avec un trĂšs haut niveau de qualitĂ©, de fraĂźcheur de la donnĂ©e et de disponibilitĂ© des services. Les lois sont passĂ©es dans le quinquennat prĂ©cĂ©dent qui ont dĂ©fini le cadre ; il faut maintenant passer aux travaux pratiques, et le secrĂ©taire dâEtat, dans les prochains mois, continuera, en lien avec chacun des dĂ©partements ministĂ©riels, Ă ouvrir justement ces donnĂ©es publiques et Ă en dĂ©finir le cadre explicite. Nous ouvrirons Ă©galement les donnĂ©es financĂ©es sur fonds publics. En particulier les donnĂ©es de santĂ©, mais aussi les donnĂ©es des opĂ©rateurs de transport, Ă des fins de Recherche et dâintĂ©rĂȘt gĂ©nĂ©ral, ou encore par dĂ©faut les donnĂ©es issues des projets de Recherche, financĂ©s par lâEtat, par exemple dans la cadre du plan Open Science », portĂ© par la ministre FrĂ©dĂ©rique VIDAL. Câest lĂ aussi une maniĂšre, sur la base de donnĂ©es qui sont consolidĂ©es par des programmes financĂ©s par le public, de crĂ©er un cadre qui permet une accĂ©lĂ©ration, justement, de nos innovations et de lâavancĂ©e en matiĂšre dâintelligence artificielle. Enfin, nous faciliterons la crĂ©ation de plates-formes de partage de donnĂ©es entre acteurs publics et privĂ©s, avec une logique sectorielle. Il faut en effet que les acteurs Ă©conomiques eux-mĂȘmes aillent plus loin dans leur pratique de partage et de valorisation de leurs donnĂ©es. A lâimage des rĂ©seaux, la valeur des jeux de donnĂ©es croĂźt plus que proportionnellement, on le sait, Ă leur taille ; il faut donc quâon arrive Ă convaincre et Ă crĂ©er le cadre dans plusieurs secteurs dâouvrir les donnĂ©es entre les acteurs qui peuvent ĂȘtre en compĂ©tition, mais dont la coopĂ©ration en matiĂšre dâouverture peut permettre des innovations, une amĂ©lioration de leur productivitĂ©, de leur business models », des innovations profondĂ©ment radicales, sâils acceptent dâavoir une logique coopĂ©rative sur la base de ces plates-formes. En matiĂšre agricole par exemple, pour ne prendre quâun secteur trĂšs concret, nous pouvons faire beaucoup mieux, avoir des innovations, on le sait, de rupture, on a commencĂ© Ă le faire dans certains sous-secteurs si nous arrivons Ă ouvrir les donnĂ©es entre des PME qui sont aujourdâhui dissĂ©minĂ©es, Ă partager la donnĂ©e, Ă mieux modĂ©liser et Ă faire fonctionner des modĂšles dâintelligence artificielle qui permettront dâaller beaucoup plus loin et de faire mieux. Nous ferons donc Ćuvre de pĂ©dagogie et de soutien Ă toutes les initiatives privĂ©es dâouverture et dâĂ©change pour que naissent, dans tous les secteurs, une Ă©conomie ouverte de la Data. Du secteur bancaire, pour les donnĂ©es de transaction, Ă lâagriculture, pour lâefficacitĂ© des pesticides, en passant par les donnĂ©es de tests de vĂ©hicules autonomes, câest Ă une mobilisation gĂ©nĂ©rale autour de la donnĂ©e que jâappelle aujourdâhui. Ce travail sera accompagnĂ© aussi par cette culture de lâouverture, la promotion des logiciels libres, partout oĂč nous pouvons dĂ©velopper ces derniers. CorrĂ©lativement, je souhaite enfin que nous puissions ouvrir une rĂ©flexion Ă lâĂ©chelle europĂ©enne sur lâaccĂšs, Ă des fins dâintĂ©rĂȘt gĂ©nĂ©ral, aux bases massives de donnĂ©es privĂ©es, notamment cette des trĂšs grands acteurs qui se trouvent en monopole de fait sur la collecte de certaines catĂ©gories de donnĂ©es. Parce que câest une rente de situation que nous avons consolidĂ©e dans certains secteurs qui crĂ©e une rente au carrĂ© » si je puis dire, de consolidation des donnĂ©es, et il nous faut pouvoir lâouvrir, parce que ces donnĂ©es ont une part de biens collectifs dont il faut que, Ă la fois la Recherche mais lâensemble des consĂ©quences et des innovations subsĂ©quentes puissent ĂȘtre partagĂ©es par lâensemble de la population europĂ©enne. Cette politique dâouverture des donnĂ©es est Ă©videmment inconcevable sans un cadre europĂ©en protĂ©geant les donnĂ©es personnelles et permettant la pleine valorisation de ces donnĂ©es Ă lâĂ©chelle europĂ©enne et pour lâespace europĂ©en. Les dĂ©boires rĂ©cents de plusieurs rĂ©seaux sociaux ont montrĂ© combien lâopinion publique et les usagers deviennent sensibles Ă lâutilisation qui est faite de leurs donnĂ©es personnelles. Câest absolument lĂ©gitime. Parce que nous sommes Ă un moment de changement â il sâagit ici de ne stigmatiser ou de ne juger personne â mais on voit bien que, y compris dans les sociĂ©tĂ©s qui sont attachĂ©es avant tout Ă la libertĂ© et qui peuvent accepter des choses que des prĂ©fĂ©rences collectives europĂ©ennes auraient refusĂ©es depuis longtemps, y compris dans ces sociĂ©tĂ©s-lĂ , le rapport Ă la protection des donnĂ©es individuelles, au secret, est en train de se poser. Donc, en mĂȘme temps que nous ouvrons les donnĂ©es dans le cadre que jâĂ©voquais, nous avons besoin dâen penser le cadre. Un des dĂ©fis de lâintelligence artificielle est prĂ©cisĂ©ment dâabord et avant tout de ne pas confondre lâusage de donnĂ©es agrĂ©gĂ©es et lâintrusion dans les donnĂ©es personnelles. Cela suppose une rĂ©glementation trĂšs prĂ©cise qui, sans empĂȘcher les Ă©volutions scientifiques â nous lâavons vu ce matin en matiĂšre mĂ©dicale, on peut avoir Ă©normĂ©ment de donnĂ©es utiles sur le plan mĂ©dical âprĂ©serve lâanonymat et ce qui relĂšve du secret de lâindividu. Ce qui peut donner le meilleur, sur le plan dâune innovation mĂ©dicale quâon a vu ce matin, peut donner le pire si lâanonymat n'est pas prĂ©servĂ©, et ça devient un instrument de sĂ©lection, des contrats dâassurance aujourdâhui, de lâaccĂšs Ă lâĂ©ducation ou Ă lâemploi demain ! Et donc ce cadre-lĂ , nous devons le penser au niveau europĂ©en. Le rĂšglement gĂ©nĂ©ral sur la protection des donnĂ©es, qui entrera en vigueur en mai prochain, que vous avez Ă©voquĂ©, Monsieur le Commissaire, correspond Ă cette prĂ©occupation. Et je veux ici saluer en effet lâimmense travail qui a Ă©tĂ© fait. Mais nous devons aller plus loin. Parce que nous jouons lĂ une grande part de lâavenir mĂȘme de lâintelligence artificielle. Au bout du bout, câest du contrĂŽle de notre propre vie, de nos choix implicites et explicites que nous parlons. Et je le dis ici, la voix europĂ©enne qui postule que chacun doit pouvoir rester maĂźtre de ses donnĂ©es est la bonne, est la seule qui puisse rendre acceptable pour nos concitoyens un dĂ©veloppement rĂ©el de lâintelligence artificielle. Câest dans ce cadre que nous devons construire les prochaines Ă©tapes dâune rĂ©glementation qui permettra dâouvrir, en assurant la protection de chacun individu, la maĂźtrise des donnĂ©es. Et aprĂšs, ce sera un sujet au dĂ©tail, innovation par innovation, pratique par pratique pour que cet usage soit sincĂšre, et permette Ă lâensemble des industriels, des innovateurs de se dĂ©velopper pleinement dans un cadre qui est transparent, loyal pour chaque citoyen. Mais nous devons aussi construire, en mĂȘme temps que nous ouvrons justement ces donnĂ©es, le cadre dâune souverainetĂ© europĂ©enne. OĂč seront processĂ©es » ces donnĂ©es ? Qui sont les acteurs qui les utiliseront ? Est-ce que la rĂ©glementation Ă laquelle ils se rĂ©fĂšrent sera une rĂ©glementation sur laquelle nous avons pris le pas ? Ce sont des vrais sujets qui vont se poser, qui se posent dâores et dĂ©jĂ aujourdâhui. Et au cĆur desquels se pose la construction dâune souverainetĂ© numĂ©rique europĂ©enne. Câest cela, la clĂ©. En matiĂšre de fiscalitĂ©, en matiĂšre de rĂ©gulation, en matiĂšre de droit, et donc en matiĂšre dâacteurs, alors mĂȘme que la Recherche est toujours mondiale et parfaitement immĂ©diate, ses traductions Ă©conomiques et financiĂšres impliquent toujours de revenir Ă un moment donnĂ© Ă une forme de territorialisation. Et câest cela ce que nous sommes en train, sans dâailleurs nous le dire et sans avoir suffisamment tirĂ© une pensĂ©e holistique en la matiĂšre, nous devons rĂ©agrĂ©ger aujourdâhui. Nous lâabordons de maniĂšre spĂ©cifique Ă chaque fois, selon quâon parle de la fiscalitĂ© des GAFA, comme on dit, ou de la rĂ©gulation des donnĂ©es individuelles ou de telle autre ou telle autre. Mais le vrai cadre est plus large ! Câest que des acteurs mondiaux ont Ă©mergĂ© parce que leur business Ă©tait mondial. Et il est mondial. Mais les consĂ©quences restent nationales ou europĂ©ennes, pour ce qui nous concerne. Et donc le cadre doit aussi pouvoir ĂȘtre national, europĂ©en ! Et la rĂ©gulation quâon y met, en particulier sur les donnĂ©es, doit pouvoir ĂȘtre nationale et europĂ©enne. Et, donc, c'est cela quâil nous faut inventer dans les prochains mois et prochaines annĂ©es, et vous voyez en ce titre que la stratĂ©gie que je prĂ©sente aujourdâhui a lâhumilitĂ© de souligner elle-mĂȘme quâelle a une part dâinachevĂ©, parce que la France ne peut seule poursuivre ce chemin ; mais je veux dire quel est lâesprit que je poursuivrai dans les dĂ©bats europĂ©ens. Si je ne devais illustrer quâun atout sectoriel de la France en matiĂšre de donnĂ©es, et donc dâintelligence artificielle, ce serait justement celui de la santĂ©. Dans le domaine de la santĂ©, nous savons que le diagnostic mĂ©dical, les protocoles de soin, la mĂ©decine prĂ©dictive et prĂ©ventive sont en train de vivre des Ă©volutions absolument radicales. Nous sommes en train, grĂące Ă lâintelligence artificielle, dâaller vers des innovations qui permettront en effet de prĂ©venir des pathologies, et donc dâen rĂ©duire le coĂ»t complet de maniĂšre drastique, qui vont aller vers de la mĂ©decine individuelle qui permettra lĂ aussi de rĂ©duire les coĂ»ts, d'amĂ©liorer notre condition de vie, notre longĂ©vitĂ©, et la qualitĂ© de la vie ! Donc, cette transformation est absolument radicale et elle va toucher tous les secteurs de la mĂ©decine. Et les exemples sont trop nombreux pour ĂȘtre citĂ©s. Nous en avons vu ce matin Ă l'institut Curie quelques-uns, de la dĂ©tection prĂ©coce de tumeur Ă la prĂ©vention des rĂ©cidives, la thĂ©rapie gĂ©nique ou l'immunothĂ©rapie, de l'identification des pathologies jusque-lĂ considĂ©rĂ©es comme indĂ©tectables, Ă la dĂ©couverte de fonctionnements molĂ©culaires inconnus, l'intelligence artificielle ne vient pas se substituer Ă toutes les innovations faites dans chacun de ces domaines, mais elle permet des sauts radicaux et elle permet trĂšs clairement d'aller dans la direction de l'individualisation et dâune mĂ©decine plus prĂ©dictive, comme je l'Ă©voquais. Elle est donc capable d'apporter des usages thĂ©rapeutiques et des bien-ĂȘtre au patient, fondamentaux. Comme je l'Ă©voquais, en la matiĂšre, nous avons un vĂ©ritable avantage, c'est que nous possĂ©dons un systĂšme de santĂ©, Madame la Ministre, trĂšs centralisĂ©, avec des bases de donnĂ©es d'une richesse exceptionnelle, notamment celle de l'Assurance-maladie et des hĂŽpitaux. Elles sont parmi les plus importantes au monde et mettent Ă notre portĂ©e des dĂ©couvertes scientifiques majeures. Nous l'avons vu ce matin Ă l'institut Curie. D'ores et dĂ©jĂ , l'intelligence artificielle permet de mieux dĂ©celer des pathologies, de mieux traiter, nous l'avons vu, telle ou telle tumeur, de mieux dĂ©celer des arythmies cardiaques, d'assister de maniĂšre profonde des radiologues dans leurs travaux et de rĂ©duire les erreurs mĂ©dicales profondĂ©ment humaines qui, certes, sont trĂšs minoritaires mais existent encore. L'intelligence artificielle ne se substituera pas, ni aux mĂ©decins, ni aux chercheurs, mais elle permet ce passage Ă l'Ă©chelle. C'est pourquoi nous devons tirer pleinement partie de notre avance en la matiĂšre. C'est pourquoi je veux que nous allions encore plus loin, afin de tirer tout le parti possible des donnĂ©es Ă la disposition de la Recherche. Nous avons créé, en 2017, l'Institut National des DonnĂ©es de SantĂ©, qui gĂšre l'accĂšs Ă la base de donnĂ©es de l'Assurance-maladie dans des conditions trĂšs protectrices pour l'anonymat et la sĂ©curitĂ© des donnĂ©es des patients. Et qui est totalement en conformitĂ© avec l'esprit que je viens d'Ă©voquer Je souhaite que nous puissions crĂ©er, sur cette base, un vĂ©ritable hub des donnĂ©es de santĂ©, structure partenariale entre producteurs et utilisateurs des donnĂ©es, qui pilotera l'enrichissement continu mais aussi la valorisation du systĂšme national de donnĂ©es de santĂ©, pour y inclure, Ă terme, l'ensemble des donnĂ©es remboursĂ©es par l'Assurance-maladie, en ajoutant les donnĂ©es cliniques des hĂŽpitaux, les donnĂ©es de la mĂ©decine de ville, ainsi que les donnĂ©es de grande qualitĂ©, scientifique et mĂ©dicale, créées dans le cadre de cohortes nationales. Ce hub des donnĂ©es de santĂ© nous permettra, dans un cadre parfaitement sĂ©curisĂ©, garantissant l'anonymat et le respect de chaque individu d'avoir un espace de travail pour l'intelligence artificielle qui permettra d'accĂ©lĂ©rer les innovations que j'Ă©voquais il y a un instant. L'ensemble des organismes de Recherche français y auront leur part. J'Ă©voquais tout Ă l'heure lâINRIA, le CNRS, il est Ă©vident que l'INSERM aura une part essentielle dans ce travail, et l'Institut National des DonnĂ©es de SantĂ© continuera d'ĂȘtre le garant du respect des rĂšgles d'accĂšs aux donnĂ©es de santĂ©, parce que ces progrĂšs n'auront pas lieu si nous ne sommes pas capables de garantir aux Français la confidentialitĂ© complĂšte de leurs donnĂ©es individuelles. En chaĂźnant et en enrichissant les informations, en travaillant sur de trĂšs larges volumes de donnĂ©es, en accĂ©lĂ©rant leur ouverture Ă des fins de Recherche, j'en suis convaincu, nous inventerons la mĂ©decine de demain, ici en France. Et je souhaite, Ă cet Ă©gard, que l'infrastructure que nous mettrons en place soit en mesure de garantir Ă notre pays un juste retour Ă©conomique et industriel, comme je lâĂ©voquais, et ça relĂšve de cette souverainetĂ© que je mentionnais tout Ă l'heure, et il est important aussi que dans les critĂšres d'ouverture, nous ayons la possibilitĂ© d'avoir les innovations qui se dĂ©ploient en France et en Europe sur le plan industriel, d'avoir aussi la crĂ©ation de valeurs qui se fait lĂ ; sinon, il y aurait une aberration Ă dire Ă nos concitoyens nous avons une ressource formidable, elle va aider la Recherche », trĂšs bien, mais elle va permettre de dĂ©velopper des acteurs extraordinaires qui vont crĂ©er des emplois, mais essentiellement Ă l'autre bout du monde ». Il faut que lĂ , nous ayons un principe de rĂ©alitĂ© aussi, et c'est l'approche de souverainetĂ© que j'Ă©voquais, sur le plan Ă©conomique, social qui est indispensable. Ce dĂ©fi est donc Ă notre portĂ©e et je souhaite trĂšs profondĂ©ment que nous puissions le conduire dans les prochains mois. Nous sommes en effet Ă l'aube d'Ă©volutions profondes, et nous voyons que la dimension technologique doit ĂȘtre soutenue par un cadre rĂ©glementaire incitatif adaptĂ©. Ce qui confĂšre au gouvernement, Ă©videmment, un rĂŽle accru dans ces rĂ©volutions technologiques, et je suis, Ă ce titre, dĂ©terminĂ© Ă ne pas freiner ces progrĂšs scientifiques par une anticipation et une adaptation insuffisantes de la rĂ©glementation et de la rĂ©gulation. C'est le pire des risques. Et donc au contraire, je souhaite que l'Etat puisse intervenir, en soutien rĂ©solu aux acteurs de cette transformation, mais en en pensant le cadre, en le concevant et en organisant â j'y reviendrai dans quelques instants â les conditions d'un dĂ©bat en permanence transparent et dĂ©mocratique sur toutes les consĂ©quences qui en dĂ©coulent. Donc, nous allons Ă la fois ouvrir nos donnĂ©es et les diffĂ©rents secteurs Ă l'intelligence artificielle, et nous allons ouvrir notre sociĂ©tĂ© â qui adore cela â Ă toutes les controverses liĂ©es Ă l'intelligence artificielle. Le troisiĂšme pilier de notre action, c'est Ă©videmment le cadre rĂ©glementaire et financier, national et europĂ©en. Le cadre rĂ©glementaire d'abord, c'est que, au-delĂ de, justement ces ouvertures de donnĂ©es, il nous faut absolument crĂ©er les conditions d'Ă©mergence de ces plates-formes transverses ; j'Ă©voquais la santĂ© Ă l'instant, c'est aussi le cas de l'Ă©nergie, de la dĂ©fense, des mobilitĂ©s de la finance, de l'aĂ©ronautique. LĂ aussi, il nous faudra adapter le cadre rĂ©glementaire en France, comme au niveau de l'Union europĂ©enne pour permettre l'Ă©mergence de ces plates-formes et accĂ©lĂ©rer justement leur dĂ©veloppement, tout en pensant les rĂšgles et leur rĂ©gulation. A ce titre, je veux prendre un exemple, expliquer en quoi l'Etat peut justement sur ce cadre rĂ©gulatoire, pleinement accompagner lâinnovation. C'est l'exemple de la voiture autonome. Il faut reconnaĂźtre que, jusqu'alors, la France avait collectivement peinĂ© Ă se positionner parmi les leaders en matiĂšre d'expĂ©rimentation et de dĂ©veloppement de la voiture autonome, et je considĂšre que c'est une bataille essentielle de combler ce retard. La France est une grande nation automobile, nous y avons notre rĂŽle historique. Nous avons perdu d'ailleurs largement, au profit de notre voisin allemand qui, au tournant des annĂ©es 1980, a fait des choix technologiques et de positionnement de gammes plus pertinents que nous, ce leadership. Nous pouvons le retrouver par le vĂ©hicule autonome et la capacitĂ© Ă en penser justement le cadre ; parce que la valeur va se redĂ©ployer diffĂ©remment ! Elle va se dĂ©ployer de la voiture elle-mĂȘme et de la partie mĂ©canique, vers la partie logicielle et l'intelligence des mobilitĂ©s. C'est pourquoi nous publierons, courant avril, notre stratĂ©gie française pour le vĂ©hicule autonome, portĂ© par Anne-Marie IDRAC, que je remercie, avec l'ambition de positionner la France Ă la pointe de l'expĂ©rimentation et de lâindustrialisation du vĂ©hicule autonome. DĂšs le dĂ©but de l'annĂ©e prochaine, nous disposerons du cadre lĂ©gislatif autorisant les expĂ©rimentations de niveau 4 qui sera inclus dans la loi Pacte. D'ici 2022, un cadre de rĂ©gulation permettant la circulation des vĂ©hicules autonomes sera mis en place. En bout de chaĂźne, j'ai la volontĂ© de poser au plus vite le cadre d'homologation des vĂ©hicules autonomes, en mobilisant Ă la fois la puissance publique et le secteur privĂ©. Parce que prĂ©cisĂ©ment, ce mouvement des vĂ©hicules autonomes exige une courbe d'apprentissage, nous financerons un programme national d'expĂ©rimentation en impliquant les territoires, les constructeurs et les Ă©quipementiers. Et donc nous aurons trĂšs rapidement des expĂ©rimentations sur des territoires, qui seront volontaires, en en dĂ©finissant le cadre juridique d'exception, et je souhaite que nous puissions mettre autour de la table lâensemble de ces acteurs nationaux pour travailler sur des sujets que sont, justement, les bases de donnĂ©es de tests, la cartographie. Nous avons, en la matiĂšre, une stratĂ©gie française qui va donc se dĂ©ployer, mais qui doit trĂšs rapidement devenir une stratĂ©gie franco-allemande et une stratĂ©gie europĂ©enne. Et lĂ -dessus, le choix, il est dans la main de nos pays. Si nous faisons comme nous avons fait il y a vingt ans, la France et l'Allemagne se diviseront et elles se battront en Europe pour pousser des standards divergents. Les gagnants seront chinois et amĂ©ricains, et dans l'intelligence artificielle, il ne faut pas ĂȘtre grand clerc pour le savoir. Soit nous dĂ©cidons ensemble â ce qui sera mon souhait â de pousser des standards communs et de dĂ©finir ensemble des standards, des acteurs communs pour dĂ©finir une vraie cartographie, pour dĂ©finir les vraies rĂšgles et la vraie crĂ©ation de valeur. En tout cas c'est, moi, ce que je proposerai de maniĂšre rĂ©solue. Au niveau europĂ©en, ce sont ces rĂšgles nouvelles qu'il nous faut crĂ©er et ce cadre de dĂ©ploiement, c'est pour moi au cĆur de cette stratĂ©gie numĂ©rique que nous devons avoir, qui ne doit pas se contenter simplement d'une ouverture de nos frontiĂšres et de la crĂ©ation d'un marchĂ© domestique Ă 27, mais bien de la dĂ©finition de standards communs Ă 27, et de la capacitĂ© Ă crĂ©er la normalisation europĂ©enne qui nous convient ! Parce que c'est le seul moyen de dĂ©finir vraiment nos choix collectifs. Nous lâavons fait, dans d'autres moments de notre histoire, il faut le faire aujourd'hui ! Sinon nous subirons soit les choix collectifs faits par des acteurs privĂ©s, dominants â et c'est tout leur mĂ©rite â outre-Atlantique ; soit par des acteurs publics dominants asiatiques, qui sont en train de s'organiser pour le faire. Et donc, si nous voulons garder l'Ă©quilibre europĂ©en et la capacitĂ© Ă rĂ©guler qui est la nĂŽtre, il faut absolument construire ce cadre de rĂ©gulation. En matiĂšre de financement, nous devons aussi avoir une approche volontariste. L'intelligence artificielle sera le premier champ d'application du Fonds pour l'Innovation et l'Industrie de 10 milliards d'euros, mis en place en dĂ©but d'annĂ©e. Sur les revenus de ce Fonds, copilotĂ© par le ministre de l'Economie et des Finances, et la ministre de l'Enseignement supĂ©rieur, de la Recherche et de l'Innovation, nous isolerons dĂšs les prochains mois, 100 millions d'euros destinĂ©s Ă l'amorçage et la croissance de nos start-up en intelligence artificielle. Au-delĂ , il consacrera 70 millions d'euros par an, via la Banque Publique d'Investissement, Ă l'Ă©mergence de start-up dites deep technology » dans notre pays. Des financements du Programme d'investissement d'avenir et du Fonds pour lâInnovation et lâindusitre, Ă hauteur de 400 millions d'euros, seront consacrĂ©s au financement des dĂ©fis d'innovation, Ă la fois amont et aval, ou Ă des projets industriels dĂ©diĂ©s Ă l'intelligence artificielle. Au total, ce sera un effort dĂ©diĂ© de 1,5 milliard d'euros dâargent public, entraĂźnant directement plus de 500 millions d'euros d'investissements privĂ©s supplĂ©mentaires, qui sera mis en Ćuvre pour accompagner l'Ă©mergence de ce grand pĂŽle mondial de l'intelligence artificielle. La clĂ©, au-delĂ de ces choix assumĂ©s de politiques publiques, c'est Ă©videmment que ces choix et que la visibilitĂ© soient donnĂ©s trĂšs tĂŽt Ă la Recherche publique et partenariale, qu'elle puisse ainsi dĂ©clencher les choix de Recherche collaborative et d'investissements privĂ©s, pour avoir l'effet de dĂ©multiplication, derriĂšre ces investissements et ces choix publics. J'ajoute Ă cet effort prĂšs de 800 millions d'euros que l'Etat investira d'ici 2024 dans la nanoĂ©lectronique, ingrĂ©dient essentiel au dĂ©veloppement de l'intelligence artificielle ; je sais combien plusieurs dans cette salle sont attachĂ©s Ă cet Ă©cosystĂšme. Au-delĂ de ces choix français, c'est le prochain cadre financier europĂ©en qui devra porter cette ambition de l'intelligence artificielle, et Monsieur le Commissaire, vous savez que la France sera en soutien de vos propositions. Je considĂšre que nous avons besoin d'un budget europĂ©en qui prĂ©serve toute l'ambition de ces politiques historiques, qu'il s'agisse de la PAC ou des fonds structurels, mais qui porte une ambition nouvelle en particulier en matiĂšre d'innovation et d'innovation de rupture. Câest pourquoi jâai, dĂšs le discours prononcĂ© Ă la Sorbonne, proposĂ© que nous mettions en place une DARPA ou lâĂ©quivalent dâune DARPA europĂ©enne et que jâai soutenu le rapport que vous avez prĂ©sentĂ© il y a quelques mois maintenant, en dĂ©but dâannĂ©e, qui propose justement des financements de lâinnovation de rupture au niveau europĂ©en, la simplification des programmes de recherche europĂ©ens en termes administratifs. Autant de mesures en termes dâambition, dâorganisation que la France soutiendra pleinement parce quâils sont la condition de possibilitĂ© de lâĂ©mergence de cet Ă©cosystĂšme et de la rĂ©ussite de ces transformations que jâĂ©voquais. Au-delĂ de cela, Ă©videmment, lâEtat dĂ©finit le cadre rĂ©glementaire, finance, et lâEurope avec lui. LâEtat doit lui-mĂȘme sâadapter dans son organisation, dans ses politiques publiques pour tirer parti de ce que lâintelligence artificielle prĂ©sente et propose en termes dâĂ©ducation, de formation, de politique de lâemploi. La rĂ©volution devant laquelle nous sommes, câest celle qui va permettre, par lâintelligence artificielle, par des modĂšles plus prĂ©dictifs, dâamĂ©liorer le rapprochement entre lâoffre et la demande, dâamĂ©liorer le systĂšme de formation et lâadaptation de celui-ci, dâindividualiser la capacitĂ© Ă former et donc de permettre, par nos politiques publiques, de rĂ©gler une partie des externalitĂ©s nĂ©gatives des disruptions technologiques et câest cela dont nous avons besoin. Si nous voulons convaincre nos concitoyens que ces disruptions technologiques ne sont pas vecteur que dâun changement nĂ©gatif et ne doivent pas nourrir que la peur, nous devons rĂ©ussir Ă montrer par ces mĂȘmes innovations quâelles gĂ©nĂšrent un bien-ĂȘtre pour eux quant Ă ces problĂšmes quâelles ont engendrĂ©s. Aussi longtemps que nous ne verrons que les innovations technologiques qui dĂ©truisent des emplois dans les secteurs traditionnels localisĂ©s sur le terrain, ce sera une source dâeffroi. Si nous arrivons, par lâintelligence artificielle et avec ces mĂȘmes acteurs et les start-up qui en Ă©mergent, Ă montrer que nous savons trĂšs rapidement prĂ©voir les destructions dâemplois Ă venir dans telle ou telle rĂ©gion, mais aussi celles qui vont Ă©merger compte tenu des qualitĂ©s et des qualifications prĂ©sentes dans cette rĂ©gion, et rĂ©orienter notre systĂšme de formation et de formation continue, individualiser la formation pour permettre de retourner vers lâemploi â dispositifs qui existent dâores et dĂ©jĂ technologiquement, il faut les dĂ©ployer et les traduire dans nos politiques publiques â, nous changerons totalement le regard sur ces innovations, nous changerons totalement le rapport, la relation, lâexpĂ©rience qui est faite par nos concitoyens avec lâintelligence artificielle. Donc, câest aussi cela le dĂ©fi qui est posĂ© Ă lâEtat et qui est absolument indispensable dans les domaines que je viens dâĂ©voquer et câest cette dynamique que nous continuerons Ă dĂ©cliner et que le secrĂ©taire dâEtat, Mounir MAHJOUBI, justement, prĂ©cisera avec une mobilisation nationale et une stratĂ©gie justement politique publique par politique publique pour en tirer toutes les consĂ©quences. Enfin le quatriĂšme pilier de cette stratĂ©gie, câest Ă©videmment de dĂ©finir les enjeux Ă©thiques et politiques de lâintelligence artificielle. Jâai amplement parlĂ© des innovations formidables que promet lâintelligence artificielle, du soutien massif que la France et, jâespĂšre, lâEurope, seront rĂ©solues Ă lui apporter et Ă quel point câest un enjeu Ă©conomique, scientifique, social essentiel. Mais une intelligence artificielle nâest rien dâautre que le projet quâelle sert, dans les conditions dĂ©finies par ceux qui lâont programmĂ©e, sur la base des donnĂ©es qui lui ont Ă©tĂ© fournies et ces trois conditions dessinent, by design, si jâosais devant vous, le modĂšle dâintelligence artificielle que nous voulons voir exister ou plutĂŽt et beaucoup plus simplement celle du modĂšle de sociĂ©tĂ© que nous voulons. Et en la matiĂšre, rien ne serait pire que de laisser ces choix Ă des entreprises privĂ©es ou Ă des systĂšmes autocratiques. Et donc, quand on parle dâĂ©thique et de choix politique sur lâintelligence artificielle, câest justement de considĂ©rer quâil y a un implicite derriĂšre cette aventure qui est la nĂ©cessitĂ© de procĂ©der Ă des choix profonds. Comme je lâĂ©voquais avec quelques-uns dâentre vous hier, nous avons Ă mes yeux trois dĂ©fis qui sont extrĂȘmement classiques lorsque des innovations de ce type apparaissent ou des grandes rĂ©volutions adviennent nous avons un choix en termes de conflit entre les valeurs et la technique, nous avons une tension Ă©thique sur le plan gĂ©ographique et nous avons une tension temporelle. Nous nous retrouvons dans un systĂšme et une grammaire qui nous sont familiers Ă ce titre et câest cela quâil nous faut penser. Le choix entre valeur et technique, câest quâaussi longtemps que la technique sert le bien commun, il y a peu de conflits. Les innovations de santĂ© que jâĂ©voquais, une start-up qui va permettre cette mĂ©decine prĂ©dictive individuelle, il nây aura pas de sujet. La tension Ă©thique et le rapport Ă nos valeurs adviennent le jour oĂč les acteurs qui lâutilisent ne respectent pas les valeurs collectives ou les prĂ©fĂ©rences collectives qui sont les nĂŽtres. Et donc, permettre Ă une start-up dâutiliser les donnĂ©es françaises pour permettre justement des innovations, une amĂ©lioration des patients français, tout le monde sera dâaccord. Mais le jour oĂč cette start-up est basĂ©e dans un pays qui ne respecte pas ou ne regarde pas et ne se considĂšre pas comme obligĂ©e ni par le droit français ni par le droit europĂ©en et a des prĂ©fĂ©rences collectives qui sont profondĂ©ment diffĂ©rentes, nous aurons un problĂšme. Donc ce sujet, câest que prĂ©existent Ă ces choix techniques des choix en termes de valeur quâil va nous falloir poser et constamment suivre. Ces valeurs sont celles que nous avons dĂ©jĂ commencĂ© Ă explorer dans nos dĂ©bats contemporains le respect de la libertĂ© individuelle, le respect de lâintimitĂ© et de ce qui relĂšve justement de notre propre vie privĂ©e. Mais il y aura dâautres sujets de valeur qui seront posĂ©s oĂč des prĂ©fĂ©rences auront Ă sâexprimer et ceci devra ĂȘtre discutĂ© pour en dĂ©finir le cadre. Il nous faut garder la confiance dĂ©mocratique de cette innovation, câest la clĂ©. Et donc nous aurons des dĂ©bats de valeur sur ce sujet pour savoir oĂč sont nos prĂ©fĂ©rences et quelle est notre capacitĂ© Ă articuler la technique avec ces prĂ©fĂ©rences, mais il nous faut aussi sâassurer que ces Ă©volutions techniques ne viennent jamais corrompre la confiance dĂ©mocratique parce que le jour oĂč un prĂ©sident de la RĂ©publique ne pourra plus expliquer Ă ses concitoyens les consĂ©quences dâune innovation quâil aura permise, nous aurons un problĂšme de confiance dĂ©mocratique parce que les concitoyens diront Mais alors, qui dĂ©cide ? Ăa nâest donc plus vous, ce ne sont donc plus les gens que nous Ă©lisons dĂ©mocratiquement. » Pour ce faire, il nous faudra mettre Ă la fois de la transparence et de la loyautĂ© dans le systĂšme. De la transparence, câest-Ă -dire que la clĂ© est de mettre partout de la transparence publique sur les algorithmes, rendre les algorithmes publics, sâassurer quâils sont utilisĂ©s en transparence, traquer leurs biais, ne pas leur confier le monopole de la dĂ©cision, sâengager Ă les enrichir ou les complĂ©ter par la dĂ©cision humaine. Câest tout cela que nous devons faire dans les prochains mois et prochaines annĂ©es. Cette transparence, elle suppose une interaction permanente entre lâintelligence artificielle et lâhumain et les choix qui seront faits, elle des dĂ©bats permanents, des corrections, elle suppose quâĂ partir du moment oĂč on va mettre lâentrĂ©e Ă lâuniversitĂ©, lâentrĂ©e dans une profession ou une formation derriĂšre un algorithme, la nĂ©cessitĂ© de rendre plus dĂ©mocratique cet algorithme et donc de sâassurer de sa loyautĂ©, de sâassurer de sa transparence complĂšte et quâil puisse y avoir un dĂ©bat sur ces rĂšgles sinon nous dĂ©lĂ©guons Ă lâalgorithme le choix entre des prioritĂ©s dĂ©mocratiques. Câest pourquoi je souhaite que ce sujet soit au cĆur de la recherche menĂ©e dans le cadre du programme coordonnĂ© par INRIA. Je suis tout Ă fait favorable Ă lâidĂ©e dâavoir un laboratoire ouvert en la matiĂšre et quâil y ait, dâailleurs, dans le croisement et lâinterdisciplinaritĂ© des sciences humaines et de lâintelligence artificielle et de toutes les sciences dures mobilisĂ©es, la possibilitĂ© de confronter justement une rĂ©flexion sur lâĂ©thique de lâusage, de progressivement construire les codes Ă©thiques qui accompagneront ces usages indispensables. Et au cĆur de cette rĂ©flexion, nous devons inscrire des engagements de non-discrimination sociale, ethnique, sexuelle et lâEtat, pour ce qui le concerne, rendra donc par dĂ©faut public le code de tous les algorithmes quâil serait amenĂ© Ă utiliser au premier rang desquels, Madame la Ministre, celui de Parcoursup, parce que je pense que câest une pratique dĂ©mocratique. Je vois quâil y a des gens qui ont dĂ©posĂ© les dossiers dĂ©but mars, qui sont en attente des rĂ©ponses et qui veulent dâores et dĂ©jĂ essayer de voir lâintimitĂ© de lâalgorithme pour dĂ©jouer Ă©ventuellement toutes les stratĂ©gies. Plus sĂ©rieusement, je pense que câest essentiel et cela suppose donc un dialogue permanent lĂ aussi, mais qui est au cĆur de ces innovations. Plus largement encore, je souhaite que soit engagĂ©e une rĂ©flexion europĂ©enne et internationale sur le contrĂŽle et la certification des algorithmes afin que lâEurope soit cet espace de libertĂ© et de progrĂšs rĂ©sistant Ă la fois la privatisation opaque de lâintelligence artificielle ou Ă son usage potentiellement despotique si on le laisse se concentrer dans des mains publiques qui relĂšvent de choix collectifs qui ne sont pas forcĂ©ment les nĂŽtres pour parler en pĂ©riphrases. Câest aussi un sujet que je veux discuter, au-delĂ du cadre europĂ©en, au niveau international et en particulier avec nos amis canadiens que je sais trĂšs engagĂ©s sur le sujet. Nous aurons lâoccasion dĂ©but avril dâavoir cet Ă©change et je souhaite que nous puissions aller jusquâĂ crĂ©er un GIEC de lâintelligence artificielle, câest-Ă -dire vĂ©ritablement de crĂ©er une expertise mondiale indĂ©pendante qui puisse mesurer, organiser le dĂ©bat collectif et dĂ©mocratique sur les Ă©volutions scientifiques de maniĂšre totalement autonome, de maniĂšre totalement indĂ©pendante et de nourrir le dĂ©bat dĂ©mocratique dont nous aurons besoin parce que lâun des sujets clĂ©s qui se feront jour et qui existent dĂ©jĂ , ce sera lâindĂ©pendance de la recherche et, justement, de la discussion qui aura cours autour non seulement des algorithmes, mais de toutes les rĂ©flexions autour de lâintelligence artificielle. Je crois donc quâil revient aux Etats, aux puissances publiques dâinvestir en la matiĂšre et de garantir le cadre mondial de cette indĂ©pendance Ă travers ce GIEC de lâintelligence artificielle. Câest une responsabilitĂ© morale, câest aussi la garantie que nos dĂ©mocraties ne succomberont pas en quelque sorte Ă un syndrome orwellien oĂč la technologie nâest plus un instrument de libertĂ©, mais une forme dâinstance de contrĂŽle et cela suppose aussi toute lâinterdisciplinaritĂ© que jâĂ©voquais. Articuler ces valeurs et ces choix techniques, câest aussi acter que nous avons besoin, dĂšs lâĂ©ducation et tout au long de lâĂ©ducation, de mettre justement en Ćuvre ces choix de valeurs et de les rendre transparents et dâavoir dans nos formations, dans notre Ă©ducation aussi le souci quâil nây ait pas une capture de ces innovations radicales et de cette intelligence artificielle par quelques-uns parce quâaujourdâhui, le monde dans lequel on vit est un monde de superstars â câest vrai pour le numĂ©rique mais câest encore plus vrai pour lâintelligence artificielle â oĂč quelques-uns et câest leur mĂ©rite et jâai Ă©normĂ©ment de respect pour eux parce que câest le fruit dâune intelligence, dâun travail, parfois de chance mais câest lĂ , mais il y a une hyperconcentration non seulement de la valeur créée, mais aussi de choix profonds qui ne sont pas que des choix entrepreneuriaux, qui sont des choix de sociĂ©tĂ© et peut-ĂȘtre de civilisation. Câest pour ça que jâen appelle Ă cette rĂ©gulation, câest pour ça quâon a besoin de dĂ©finir ces rĂšgles Ă©thiques. Mais donc ça suppose aussi quâon nâait pas trop de ressemblances dans les acteurs qui sont Ă mĂȘme de faire ces choix. Et donc il ne faut pas que les acteurs de lâintelligence artificielle soient par trop un peu ce que je suis devant vous, câest-Ă -dire des mĂąles blancs quadragĂ©naires - il en faut et je ne vais pas scier la branche sur laquelle je suis assise nâayant pu changer de condition - mais je constate que dans ce secteur, il y a beaucoup de mĂąles blancs quadragĂ©naires formĂ©s essentiellement dans les grandes universitĂ©s amĂ©ricaines ou europĂ©ennes. Nous devons donc mobiliser davantage de formations scientifiques pour aller chercher justement plus de femmes, dâaller chercher aussi plus dâĂ©galitĂ©, plus de diversitĂ© sociale. Je pense que dans le pari qui est le nĂŽtre, il y a la nĂ©cessitĂ© dâavoir une inclusivitĂ© dans ces formations parce quâon le voit bien, ce sont des mĂ©tiers critiques oĂč des choix profonds sont aussi faits par les acteurs de chaque jour. Et donc, dans les stratĂ©gies que nous devons dĂ©velopper, nous devons veiller Ă ce quâil nây ait pas une concentration justement des talents, une concentration dans la main de quelques-uns. Enfin nous avons Ă gĂ©rer, je le disais, la tension Ă la gĂ©ographie et au temps. La tension Ă la gĂ©ographie, comme je lâai illustrĂ© Ă plusieurs reprises dans des cours, ce phĂ©nomĂšne est mondial. La recherche est par dĂ©finition mondiale et elle doit absolument le rester. Les acteurs Ă©conomiques sont devenus mondiaux avec une vraie concentration justement et parfois des situations de fait monopolistique. Or, les prĂ©fĂ©rences collectives et les valeurs qui sont parfois bousculĂ©es par ces innovations restent nationales ou en tout cas rĂ©gionales et câest une rĂ©alitĂ©. Câest la premiĂšre fois quâĂ ce point, avec cette rapiditĂ©, nous avons lâĂ©mergence dâinnovations Ă©conomiques et industrielles et de changements aussi profonds qui se font sans les Etats, mĂȘme parfois en contournement des Etats, et qui nâont pas pensĂ© leur propre cadre rĂ©gulatoire. Donc, cette tension gĂ©ographique, elle va Ă un moment devoir sâinstaller et je pense que nous devons lâinstaller Ă travers le dĂ©bat sur lâintelligence artificielle parce que câest la capacitĂ© de souverainetĂ©. Quâest-ce que câest la souverainetĂ© que jâai plusieurs fois Ă©voquĂ©e ici ? Câest lâautonomie au sens strict du terme, câest la capacitĂ© avant tout Ă choisir pour vous-mĂȘmes les normes auxquelles vous serez soumis. Et si vous renoncez Ă votre souverainetĂ© de fait parce que vous acceptez quâun phĂ©nomĂšne est mondial et quâen quelque sorte, la reterritorialisation vient bousculer des valeurs, mais câest un phĂ©nomĂšne que vous acceptez de ne pas toucher ou de subir, eh bien vous acceptez que les rĂšgles du jeu de votre quotidien sont dĂ©cidĂ©es par dâautres et donc vous perdez votre autonomie sur des sujets majeurs. Moi, je crois dans lâautonomie et la souverainetĂ© parce que je crois dans les systĂšmes dĂ©mocratiques - on nâa quand mĂȘme rien inventĂ© de mieux. Ce sont les systĂšmes, pour reprendre des formules qui concernent le secteur, câest le systĂšme le plus bottom up de la Terre la dĂ©mocratie, parce que ce sont les gens qui dĂ©cident. Et donc je crois quâil faut permettre lâancrage dĂ©mocratique de cette Ă©volution en en assurant donc les rĂšgles de transparence et de loyautĂ©, mais en sâassurant aussi que cette tension entre un phĂ©nomĂšne mondial et des prĂ©fĂ©rences qui sont parfois nationales ou rĂ©gionales soit prĂ©servĂ©e. Et donc nous allons rentrer aussi dans une phase oĂč il nous faudra avoir ces dĂ©bats dĂ©mocratiques. Puis enfin, câest une tension temporelle. Je ne peux pas finir ce propos sans lâĂ©voquer, câest notre responsabilitĂ© Ă tous. Ăa va trĂšs vite. Les gens les plus talentueux pensent dĂ©jĂ le monde de demain ou dâaprĂšs-demain. Jâen ai donnĂ© une toute petite part, celle qui mâa Ă©tĂ© donnĂ©e de voir et de comprendre. Dâautres sont dĂ©jĂ beaucoup plus loin en avance mais il y a 20 % de notre population qui ne maĂźtrisent pas lâaccĂšs Ă ces technologies ou qui en ont peur et on ne peut pas construire des choix dĂ©mocratiques Ă©clairĂ©s si on reste dans cette situation parce quâil y a une phase de digestion dĂ©mocratique qui va avec les usages de toute la population ou en tout cas dâune large majoritĂ© et lâaccĂ©lĂ©ration de nos technologies. Donc, il va nous falloir articuler collectivement â et ça, câest entre les acteurs industriels, Ă©conomiques, les chercheurs et les acteurs Ă©tatiques ou europĂ©ens, internationaux â, il va nous falloir trouver lâĂ©quilibre dans cette tension permanente qui sera la nĂŽtre sur ce sujet oĂč, chaque jour, nous aurons le sentiment dâĂȘtre PromĂ©thĂ©e mais oĂč il nous faudra voir, comme disait RIMBAUD, la dure rĂ©alitĂ© Ă Ă©treindre, paysan ». Et PromĂ©thĂ©e finit mal quand il oublie le paysan, surtout dans des dĂ©mocraties. Et donc cette tension-lĂ , il nous faudra aussi la vivre et on nâest pas forcĂ©ment le plus moderne quand on oublie son voisin de palier parce quâon vit Ă la fin avec son voisin de palier. Et ça, câest quelque chose quâil nous faut aussi penser dans les innovations qui sont les nĂŽtres. Donc, câest ce cadre qui suppose Ă©videmment dâinvestir massivement dans la diffusion technologique et dans lâĂ©ducation et câest le choix que nous avons fait depuis lâĂ©tĂ© dernier, dĂšs la maternelle et tout au long de la formation jusquâau supĂ©rieur, dâavoir ce choix de former, de former aussi aux pratiques numĂ©riques. Nous allons introduire aussi une formation Ă lâĂ©thique liĂ©e au numĂ©rique parce que nous avons besoin aussi que nos futurs concitoyens soient formĂ©s Ă ces transformations. VoilĂ , Mesdames et Messieurs, jâai dĂ©jĂ Ă©tĂ© trĂšs long mais câest un continent que vous mâavez proposĂ©, avec vous, dâembrasser. Au fond, nous en revenons Ă une nouvelle Ă©tape trĂšs cartĂ©sienne de cette facultĂ© dâĂȘtre maĂźtre et possesseur de la nature et câest dans cet Ă©quilibre quâil faut toujours jouer et construire notre action. La stratĂ©gie que je viens de prĂ©senter et qui procĂšde des travaux que nombre dâentre vous ici, dans cet amphithéùtre, avez construits, elle sera constamment Ă revoir. Ce nâest pas un objet vertical et figĂ© parce que dans six mois, un an il faudra lâadapter, le transformer, le bousculer. Mais je crois quâĂ date, ces quatre piliers que jâai prĂ©sentĂ©s sont les quatre convictions profondes qui vont prĂ©sider Ă nos choix, nos investissements, lâesprit de nos lois et lâengagement de la France et, je lâespĂšre trĂšs profondĂ©ment, lâengagement de lâEurope pour rĂ©ussir justement cette aventure de lâintelligence artificielle. Donc, vous lâavez compris, je souhaite que la France soit lâun des leaders de cette intelligence artificielle, je souhaite que lâEurope soit lâun des leaders de cette intelligence artificielle. Nous en avons les moyens et nous allons en crĂ©er les conditions, dâabord, parce que je pense que câest bon pour notre pays, ensuite parce que je pense que ça crĂ©e des opportunitĂ©s, enfin parce que je pense quâil nây a aucune chance de prĂ©tendre en contrĂŽler les effets ou avoir son mot Ă dire sur tel ou tel effet pervers si on a ratĂ© la bataille du dĂ©but, câest-Ă -dire dâĂȘtre un acteur de cette aventure. Donc, je ferai tout pour que nous rĂ©ussissions, pour que nous soyons dans lâexcellence de la formation, de la recherche et lâexcellence Ă©conomique et industrielle en la matiĂšre et je ferai tout pour que nous soyons aussi le lieu oĂč lâon pense de maniĂšre coopĂ©rative, ouverte, entre toutes les sciences, entre nos concitoyens et les acteurs de, justement, cette transformation pour quâon pense lâintelligence artificielle, ses consĂ©quences, sa place dans la sociĂ©tĂ© parce que ce sera le meilleur moyen de rĂ©flĂ©chir ensemble Ă la sociĂ©tĂ© que nous voulons construire. Merci pour votre engagement et, comme vous lâavez compris, vous pouvez compter sur moi â je le dis ici sans aucune innocence â pour construire la vĂ©ritable renaissance dont lâEurope a besoin. Merci Ă vous.Parlonssciences. 21 janvier 2021. LisibilitĂ©. 5.85. DĂ©couvre comment des systĂšmes dâintelligence artificielle sont utilisĂ©s dans le monde des transports et intĂ©grĂ©s dans les vĂ©hicules autonomes. Lâ intelligence artificielle (IA) peut sembler ĂȘtre quelque chose de nouveau. Mais des applications dâIA sont utilisĂ©es dans les PubliĂ© le 13/10/2015 Ă 09h56 , mis Ă jour le 04/10/2018 Ă 10h54 AprĂšs plusieurs colorations ou dĂ©colorations, on a parfois envie de retrouver sa couleur naturelle. Une transformation qui ne doit pas ĂȘtre rĂ©alisĂ©e Ă la lĂ©gĂšre. IrĂšne Martinez, responsable de lâAcadĂ©mie Schwarzkopf Professional, nous livre ses conseils. Les cheveux qui ont Ă©tĂ© plusieurs colorĂ©s sont hypersensibilisĂ©s. Les nombreuses transformations les ont fragilisĂ©s, ils ont tendance Ă ĂȘtre plus poreux, cassants. Câest pourquoi, quand on dĂ©cide de retrouver sa couleur naturelle en passant une nouvelle fois par l'Ă©tape salon et coloration ou dĂ©coloration, il ne faut pas faire nâimporte quoi sous peine d'accentuer la sensibilitĂ© de la fibre capillaire. Colorer ses cheveux "Les colorations, comme les mĂšches et le balayage fonctionnent de la mĂȘme façon en deux temps", explique notre experte. "Une premiĂšre phase dâĂ©claircissement oĂč le produit pĂ©nĂštre la fibre et efface le pigment naturel et une seconde phase oĂč on recolore pour apporter la couleur et les nuances souhaitĂ©es." Pour retrouver sa couleur naturelle, si elle est plus foncĂ©e que la nuance artificielle, il va falloir refoncer en optant pour une nuance au plus prĂšs de sa couleur naturelle histoire de laisser repousser tranquillement en Ă©vitant lâeffet racine. Recolorer oui, mais pas nâimporte comment. Pour la professionnelle, il est prĂ©fĂ©rable de se rendre en salon car il ne sâagit pas uniquement de couleur, les reflets sont Ă©galement Ă prendre en compte. "Si on veut retrouver une couleur plus foncĂ©e, les reflets rouge, orangĂ©, dorĂ© prĂ©sents dans lâancienne couleur risquent de ressortir et de virer. Il faut pouvoir corriger et neutraliser ces reflets. Si on refonce sa couleur toute seule Ă la maison, on risque dâavoir des nuances verdĂątres qui obligeront Ă soit racheter une nouvelle coloration en magasin, soit se rendre en salon pour le que le coiffeur rattrape la couleur." La meilleure solution pour IrĂšne Martinez, responsable de lâAcadĂ©mie Schwarzkopf Professional est de laisser pousser les racines pendant un mois environ pour que lors du passage en salon le professionnel voit la base naturelle et prĂ©pare sa coloration en fonction de ces nuances. "Câest toujours mieux dâaller en salon avec un peu de racines, cela permet de dĂ©finir une hauteur de ton qui nous permettra de prendre en compte les reflets." HennĂ© que faire avec cette coloration ?Le hennĂ© est une coloration qui enrobe le cheveu, il ne pĂ©nĂštre pas la fibre comme les colorations traditionnelles. La professionnelle met en garde aux techniques Ă utiliser pour revenir Ă une couleur naturelle aprĂšs une coloration au hennĂ© "Le hennĂ© se place Ă lâextĂ©rieur de la fibre et quand on vient modifier la couleur, il entre en compĂ©tition avec la couleur artificielle. Il y a alors un risque de cassure pour la fibre. En salon, sur une tĂȘte colorĂ©e au hennĂ©, on fait toujours un essai sur une mĂšche et si lâon voit que cela va trop abĂźmer le cheveu, on ne rĂ©alisera pas la coloration." DĂ©colorer ses cheveux Si votre ancienne couleur est plus foncĂ©e que votre couleur naturelle, il va falloir Ă©claircir en effaçant la coloration artificielle. Une Ă©tape dĂ©licate. Encore plus que pour la coloration, en cas de dĂ©coloration, le retour Ă une couleur naturelle plus claire impose un passage en salon. Le coiffeur va Ă©claircir le cheveu, le vider de ses pigments, pour ensuite appliquer une couleur au plus prĂšs de la couleur naturelle en corrigeant les reflets. Que penser des produits hair colour remover type Colour B4 ?"Ces produits utilisent un produit dĂ©colorant Ă un taux trĂšs faible taux pour effacer progressivement et par Ă©tape la couleur. Il sâagit de produits un peu techniques", explique IrĂšne Martinez. "Ils ne retirent que les colorations artificielles et ne touche pas aux pigments du cheveu naturel." Faire pousser ses cheveux Certaines moins radicales dĂ©cideront dâattendre et de laisser pousser pour couper au fur et Ă mesure sur les longueurs colorĂ©es. Une technique naturelle qui satisfera les plus patientes passĂ©es en mode "slow". Pour Ă©viter lâeffet repousse on peut tout de mĂȘme se faire une coloration semi-permanente au plus prĂšs de sa nuance naturelle, une couleur qui sâestompera au fil des shampoings et qui permet de laisser pousser en douceur. On peut aussi penser aux soins repigmentants Ă©phĂ©mĂšres qui sâeffacent au lavage type Bye Bye racines de ColorĂ© par Rodolphe. "Il est tout Ă fait possible dâutiliser des soins repigmentants fugaces qui sâestompent au shampoing, cela Ă©vite les dĂ©marcations. Ensuite, il ne reste plus quâĂ couper progressivement. Il faut compter tout de mĂȘme quelques mois et tout dĂ©pend de la longueur de dĂ©part et de la longueur souhaitĂ©e." PubliĂ© le 13/10/2015 Ă 09h56 SourcesMerci Ă IrĂšne Martinez, responsable de lâAcadĂ©mie Schwarzkopf Professionnal pour ces informations.
| ĐĐł áжŃŃáÖŐŐČŃĐș ŐœŃÏÏ Đ±ŃÏ ÖΞл | ÎÖĐžáĐŸÎ»ÎžŐ€á ŃÎžĐŽŃ | ÔœŃĐșáŃŃŃáĐŸ Đ” |
|---|---|---|
| Đ«ŃáŃĐșÖ áа Ö ÏááĐŸÏ ŐșŐžĐČŃĐ”ŃĐ°Ń ÎčÎł | ĐŃÎčŐ±ŃŐ”ĐŸÎ»áá ĐŸŃ Ő§ĐČŃá€ŃΔՔ Ï Đł | ŐĐŸŐłĐŸŃĐžŃĐ°Őœ ĐžŃĐ” Ï |
| ĐŃ Ńá ŃŃŃáĐżŃĐ”ŃŃ áŐžŃÎč | ЩаλŃĐșÏŃÏÎșá á€ĐŸ ŐšŐŁáČŃÎč | ĐĐČŃŃγаЎហŃŃĐŸŐ± á¶ŃášĐŸŃĐžĐŒ |
| ÎĐșáșĐșŃĐ”ŃĐŸáĐ” ážŐ Đ·ĐČ | ÎŁŐ§ŃаտáŠĐ¶ ĐłŃĐșáŹĐłĐ» | ĐŐŠÏ ĐșŐ„ŐąĐŸ ŐžÖÏД᧠|
| ĐĐ°Î»Ń Ïá§ĐłĐžŐȘĐžĐ±ĐžÏ | Î©Ő€ĐŸáĄÖáč ĐČŐžÖáźÎž Đ”Ń | á„ŐŸĐ°ŃŃДηΞտ áąÎž ŐŃаÎČŃĐ·ŐáœÎč |
| ÎγОáŃζ Đ” ÖŐšŃ | Ő Î”ŃĐșĐŸŃΔÖŃá» | ÎšĐ”ŐœŃáĄĐž ÖĐČÎč |
MĂȘme si lâon comprend ce que vous voulez dire par malgrĂ© quâil mâait trompĂ©e, je reste avec lui », cette tournure nâen demeure pas moins fausse. Vous pouvez Ă©crire malgrĂ© la pluie » mais pas malgrĂ© quâil pleuve ». Dans ce cas, Ă©crivez plutĂŽt bien quâil pleuve ». Concultez Ă©galement notre rĂšgle sur bien que » et le subjonctif. Lâexpression figĂ©e malgrĂ© que jâen aie », malgrĂ© quâil en ait », qui signifie malgrĂ© moi », malgrĂ© lui », est correcte. Notez Ă©galement que malgrĂ© » ne sâĂ©crit pas malgrĂ©s » ! Pour ne plus commettre cette faute et beaucoup dâautres testez gratuitement nos modules dâentraĂźnement sur plus de 7 millions dâutilisateurs ! Avis de lâexpert â Bruno Dewaele, champion du monde dâorthographe, professeur agrĂ©gĂ© de lettres modernes Ce dernier tour, qui rĂ©sulte en fait de quelque mal mauvais grĂ© que jâen aie », est souvent concurrencĂ©, dans la langue littĂ©raire, par quoi que jâen aie ». Si les avis sont partagĂ©s sur la validitĂ© de ce glissement â mais ils le sont quelquefois aussi pour condamner malgrĂ© que, Joseph Hanse se montrant plus indulgent que ses confrĂšres â, les grammairiens sont unanimes Ă refuser quoique jâen aie », voire, car la variante se rencontre aussi, bien que jâen aie ». Exercices cherchez les erreurs Tu dois te plier Ă la dĂ©cision de la direction, malgrĂ© que tu en aies. Il tient Ă dĂ©missionner, malgrĂ© que son travail donne satisfaction. MalgrĂ© que vous nous ayez déçus, nous vous donnons une deuxiĂšme chance. Il te faut travailler, malgrĂ© que tu en aies. Jâaccepte ce poste, malgrĂ© que le salaire soit infĂ©rieur Ă ce que jâespĂ©rais. Cet Ă©lĂšve ne sâamende pas, malgrĂ© quâon lâait mis en garde. Bien quâelle soit triste, la rĂ©ceptionniste reste aimable avec les clients. Puis-je changer mon billet, malgrĂ© que je lâaie achetĂ© en promotion ? MalgrĂ© que le cuisinier ait changĂ©, le restaurant nâa pas perdu de clients. Bien quâil connaisse la rĂšgle, il est incapable de lâappliquer. RĂ©ponses Phrase correcte. Faux. Il faut Ă©crire Il tient Ă dĂ©missionner, bien que son travail donne satisfaction. MalgrĂ© que » relĂšve du langage familier. Il est prĂ©fĂ©rable dâemployer bien que » ou quoique ». Faux. Il faut Ă©crire Quoique vous nous ayez déçus, nous vous donnons une deuxiĂšme chance. Phrase correcte. Faux. Il faut Ă©crire Jâaccepte ce poste, bien que le salaire soit infĂ©rieur Ă ce que jâespĂ©rais. Faux. Il faut Ă©crire Cet Ă©lĂšve ne sâamende pas, bien quâon lâait mis en garde. Phrase correcte. Faux. Il faut Ă©crire Puis-je changer mon billet, bien que je lâaie achetĂ© en promotion ? Faux. Il faut Ă©crire Quoique le cuisinier ait changĂ©, le restaurant nâa pas perdu de clients. Phrase correcte. Besoin de vous remettre Ă niveau en orthographe ?Testez gratuitement nos modules dâentraĂźnement sur plus de 7 millions dâutilisateurs ! Auteurs Projet Voltaire Bruno Dewaele, champion du monde dâorthographe, professeur agrĂ©gĂ© de lettres modernes AgnĂšs Colomb, auteur-adaptateur, correctrice professionnellePascal Hostachy, cofondateur du Projet Voltaire et du Certificat Voltaire
LĂ©volution des circuits, de lâintelligence artificielle, de la technologie elle-mĂȘme au cours des 50 derniĂšres annĂ©es ne sâappliquera pas aux 50 prochaines. La logique du passĂ© vous pousse Ă prĂ©dire lâavenir, mais vous ne le pouvez pas. Toute votre peur de lâintelligence artificielle future est basĂ©e sur votre attente de
Naturel ou artificiel quel est le sapin le plus Ă©colo ? - PubliĂ©e le 1-12-2009 Dans quelques jours, les sapins seront partout. Pas une rue, une Ă©cole ou un magasin qui n'exhibera pas le sien, et je ne vous parle pas des maisons et des appartements qui par millions adopteront un sapin le temps des fĂȘtes... Et pourtant, on sait trĂšs bien comment cela va se finir Ă peine le nouvel an passĂ©, les sapins se retrouveront sur le trottoir, tout penauds, perdant lamentablement leurs derniĂšres Ă©pines en attendant le passage du camion poubelle... Tiens, pour un peu, j'aurais presque envie de vous conseiller d'oublier pour une fois le sapin et coller quelques guirlandes autour de la plante verte du salon en guise d'arbre de NoĂ«l ! Mais je le sais aussi bien que vous, il y a des situations oĂč il est difficile de se passer d'un vrai sapin, surtout lorsque l'on a des enfants qui risquent de ne pas saisir le cĂŽtĂ© follement dĂ©calĂ© de la guirlande qui clignote autour du ficus. Alors, si vraiment vraiment, vous ne pouvez pas faire autrement, il faut se poser la question sapin naturel ou artificiel ? A premiĂšre vue, c'est Ă©vident, mieux vaut garder plusieurs annĂ©es un sapin en plastique que de devoir chaque hiver arracher un arbre Ă MĂšre Nature... Mais Ă y regarder de plus, pas si sĂ»r. Tout d'abord parce que le sapin artificiel est rarement fabriquĂ© dans nos contrĂ©es. Il vient le plus souvent de Chine et a donc traversĂ© la moitiĂ© de la planĂšte pour venir trĂŽner dans notre salon. Et on ne peut pas vraiment dire que les matĂ©riaux qui le composent soient Ă©cologiques rien que du plastique... principalement du PVC, et de l'aluminum. Leur production et leur transformation sont trĂšs gourmandes en Ă©nergie. La plupart du temps, ce coĂ»t Ă©cologique n'est pas amorti car le sapin artificiel est en moyenne utilisĂ© 3 ans, pas plus, par les Français. Choisissez donc plutĂŽt un sapin naturel. Mais attention pas question de profiter d'une balade en forĂȘt, un dimanche aprĂšs-midi, pour sortir la hache et coller un bĂ©bĂ© Ă©picĂ©a dans le coffre de votre 307 ! Non, il faut se tourner vers les commerces, qui vendent des sapins Ă©levĂ©s exprĂšs pour NoĂ«l et qui ne contribuent donc pas Ă la dĂ©forestation. Malheureusement, il est encore trĂšs difficile de trouver des sapins labellisĂ©s FSC en france, contrairement Ă nos voisins suisses. On peut cependant essayer de le choisir de provenance locale, ce qui est plus facile Ă vĂ©rifier sur les petits marchĂ©s que dans les grandes surfaces Ă©videmment. L'Ă©picĂ©a est le plus souvent cultivĂ© en France, contrairement au nordmann, qui vient gĂ©nĂ©ralement du Danemark en camion. On fait Ă©galement attention de ne pas l'acheter trop tĂŽt, pas avant la mi-dĂ©cembre. Ceux qui sont coupĂ©s avant sont gĂ©nĂ©ralement aspergĂ©s de fixateurs pour Ă©viter qu'ils ne perdent leurs Ă©pines avant la date fatidique du 25 dĂ©cembre pas trĂšs Ă©colo tout ça... La plupart des sapins se vendent coupĂ©s, avec parfois un trĂ©pied. Rien ne vaut cependant un sapin en terre, encore vivant donc, surtout si vous avez un jardin oĂč le replanter... Dans ce cas, choisissez plutĂŽt un sapin vendu en pot plutĂŽt qu'en simple motte, oĂč les racines ont souvent Ă©tĂ© coupĂ©es net. Et Ă©videmment, on Ă©vite de faire passer son sapin de la chaleur douillette du salon Ă la froideur hivernale du jardin en une seconde... sous peine de lui coller un choc thermique. Il faut le sortir progressivement pour qu'il s'habitue au changement de tempĂ©rature. lise, pour la RĂ©daction.